Que sera la cohabitation en l'an 2000? Elle va connaître sa première
épreuve de nouveau millénaire dès janvier. Depuis quelques jours, Jacques Chirac et Lionel Jospin s'inquiètent de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui sera examinée le 24 janvier par le Parlement, réuni en Congrès à Versailles. L'un et l'autre se soucient de savoir qui portera le chapeau en cas de vote négatif. Le président de la République tente une dernière fois de convaincre ses amis politiques du bien-fondé d'un texte qu'il a soutenu, mais dont la droite ne veut plus. Son Premier ministre, lui, fait semblant d'être gagnant à tous coups: «Si la réforme passe, c'est un succès pour le gouvernement; si elle échoue, ce sera un revers pour la droite», explique-t-il en substance. Un air de détachement qui ne trompe pas: pour les deux hommes, voir enterrer la réforme du CSM serait surtout un aveu de faiblesse commune.
Sous pression. C'est le chef de l'Etat qui est le plus sous pression actuellement. Il connaît parfaitement l'état d'esprit des parlementaires RPR. Si, grâce à Jean-Louis Debré, il a pu leur arracher un vote positif ou au minimum leurs abstentions notamment celles de Philippe Séguin, Edouard Balladur ou Nicolas Sarkozy sur la réforme du CSM en première lecture à l'Assemblée nationale, il sait, à présent, que ce ne sera plus le cas. Le président du groupe, qui n'entend pas se voir crucifier sur l'autel Guigou, a prévenu Chirac de l'état d'esprit des parlementaires. Idem