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Libération
Portrait

Guy Bedos, 65 ans, Rage dedans.

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En tournée, il retrouve ses têtes de Turc: les hommes politiques. Et rit de se voir si méchant.
publié le 23 décembre 1999 à 2h14

Il rugit dans son salon de Neuilly: «Si on me file un coup de patte de trop, j'en mets quinze.» La crinière est bleutée, les griffes et les crocs usés, le fauve est fatigué. A l'automne, Bedos a laissé filer Martine Aubry, son dernier gibier politique. Las de cracher en public tous les soirs: «A chacune de ses sorties en banlieue, elle avait une caméra greffée dans le cul. Tout ça pour finir par dire qu'elle était une vache à lait. J'ai vu la vache, mais j'ai pas vu le lait.» La ministre a fait savoir qu'elle en riait beaucoup, l'artiste l'a gommée de son spectacle.

Le rire est son métier, il éteint l'humour en sortant. Bedos dans le civil: «La fonction de l'intellectuel et de l'artiste est d'exprimer ce que tout le monde peut voir, de s'emparer d'une parole plurielle pour la faire partager.» Bourdieu est son complice, «très naturel, très accessible»; Christine Angot, son auteur de chevet. Cohn-Bendit, le «compagnon de famine idéologique». Ses confrères, «vous savez, les comiques», l'affligent, sauf Fellag qui le fait rire un peu, Devos souvent, Muriel Robin tout le temps. Son poil se hérisse à la moquerie: «Je ne supporte pas. Comme un cuisinier déteste qu'on lui pique ses spécialités.» L'autodérision n'est pas son fort, sauf clin d'oeil vraiment appuyé. «En tournée en Suisse, je tombe sur mon horoscope, raconte-t-il, "Gémeaux, cessez de faire le pitre, cela ne fait plus rire personne.» Rancunier «en bien comme en mal», il confesse des délits de sale gueule «parfaitement inj