Jean-Pierre Chevènement goûte la provocation. Y compris dans sa
carte de voeux qu'il a fait réaliser pour l'an 2000. Une carte pour le moins décoiffante aux regards des canons officiels de la bienséance historique. Visiblement, le ministre de l'Intérieur, l'enfant terrible du gouvernement Jospin, ne craint pas de culbuter les idoles de l'histoire de France. Et le républicain intransigeant de secouer ces saintes héroïnes, telle Jeanne d'Arc, célébrée chaque 1er mai par le Front national. Le patron du Mouvement des citoyens a donc confié à l'artiste Guy Peellaert le soin d'exprimer en images sa vision allégorique de la République contre les bien-pensants, titre de l'oeuvre et aussi du dernier ouvrage de Chevènement, publié en novembre.
Dans un coin, Gambetta quitte le siège de Paris en ballon. Plus bas, Clemenceau, le «Tigre», chapeau melon et canne à la main, donne l'impression de vouloir disperser un attroupement de pigeons. L'homme qui libéra la France et rétablit la République, le général de Gaulle, prend sous son bras protecteur une Marianne qui a les traits de Viviane Romance et une poitrine aux formes aussi opulentes que celles de Laetitia Casta, pudiquement recouverte d'une main. Il y a aussi l'Empereur, posté en batterie derrière la bergère de Domrémy. Agrippé à son armure et bien décidé à ce qu'elle ne reste plus la «pucelle» boutant les Anglais hors de France. Et puis, sur un pied d'égalité avec ces figures historiques, il y a Chevènement lui-même, dans une position f