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Libération
Portrait

Jean-Bernard Vincent, alias Eric Yung, 51 ans, aligne un casier biographique chargé: flic, taulard, journaliste, écrivain"" La crim' était presque parfaite.

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publié le 3 janvier 2000 à 22h11

Il a été flic et flambeur. Antigang et cocaïne. Le jour, il traquait

des voyous, la nuit, il trinquait avec d'autres, brûlant la chandelle par les deux bouts. A vingt ans, le vice était sa vertu, et il tombait gonzesses et beaux garçons. Il a fini par fêter ses trente piges en prison.

C'était en 1978. Aujourd'hui, le grand blond avec une vie en noir s'est rangé. Un mardi de décembre, Eric Yung, 51 ans, distille quelques souvenirs, dans un resto du XVIe parisien, dégustant un poulet fermier. Mais dans sa bouche, ce sont les poulets qui dégustent. Car l'ancien policier devenu journaliste à France-Inter raconte un drôle de voyage au bout de la vie: «la lente métamorphose d'un flic, ou comment tu t'inocules un virus dans le cerveau en rentrant dans ce putain de métier et comment ça te ronge, avec tout ce que ça a de fascinant». Il aurait dû se méfier: dès sa naissance à Abbeville, le «ch'pio» picard attaque l'existence sur la corde raide. La sage-femme le croit mort-né, c'est d'ailleurs la mention couchée sur son livret de famille. Pour se venger, le gaillard n'aura pas assez d'une vie. La première dure neuf ans, entre 1969 et 1978. Vie de flic. «Pas un métier, une activité pour désoeuvré», écrit-il. Celle-là se finit mal, en costard de ripou, mauvais polar, mais il ne se plaint pas. «Je ne suis victime de rien, j'ai fait un choix, celui d'un voyage de l'autre côté du miroir.» Revenu du bon côté, il vide son sac dans un livre à clés (1): les affaires évoquées sont changées en lieu