Hier, c'est Jean-Pierre Chevènement qui était sur le front de la marée noire lors du Conseil des ministres. Dominique Voynet «n'est pas intervenue sur ce dossier», selon le porte-parole du gouvernement. Mais, en coulisses, la ministre de l'Environnement prépare sa riposte. Mise en cause pour avoir minimisé l'impact de cette catastrophe, Dominique Voynet ne décolère pas, selon un de ses proches, «d'avoir été embobinée» par les discours lénifiants de l'administration et des experts du Cedre (1). «La culture d'Etat du "ne faisons pas de vagues, n'affolons pas les populations a prédominé au sein du cabinet. Les gestionnaires l'ont emporté sur les politiques, la Voynet-ministre sur la Voynet-Verte» dénonce l'entourage de la ministre écologiste (voir aussi page 7).
Discours de sauvetage. Du coup, chez les Verts, les soupçons sur l'indépendance du Cedre vis-à-vis de Total et Elf, qui financent 10 % de son budget, sont apparus comme une bouée de sauvetage: «La crédibilité du Cedre en a pris un coup. Il faut rendre cet organisme totalement indépendant de Total et d'Elf», déclarait hier Denis Baupin, le porte-parole national des Verts. Certains demandent la tête du directeur du Cedre, qui avait prédit l'arrivée sur les côtes d'une infime partie du fioul échappé des cales de l'Erika lors de son naufrage. D'autres mettent les approximations du Cedre sur le compte d'une configuration exceptionnelle: jamais nappe de fioul n'est restée si longtemps en mer, secouée dans une