Le Chirac 2000, c'est Sacha Guitry: contre Jospin bien sûr, mais
tout contre. Le Président, pour mieux l'étouffer, a choisi de danser le collé-collé avec son Premier ministre. Les lendemains de tempête, il applaudit avec lui l'Etat et se fait le chantre du dialogue social. Il se complaît dans des postures de gauche quand l'opposition, elle, songe à redevenir la droite. A contretemps, à contre-courant d'un RPR qui, pour se reconstruire, ne voit d'autre issue que dans l'opposition systématique, au risque de s'archaïser davantage. «Je serai leur candidat à la présidentielle donc je les prends à revers», telle semble être en substance aujourd'hui la logique élyséenne.
Ce faisant, le Président oublie, comme le remarquait, hier, un Henri Emmanuelli de retour, l'une des règles de la Ve République: «Une élection présidentielle, c'est deux tours, au premier il faut rassembler son camp, au deuxième, il faut déborder son camp.» S'il commence à vouloir jouer le deuxième avant le premier, Jacques Chirac risque bien «d'avoir de mauvaises surprises», comme le pronostique l'ancien trésorier du PS. Nombreux sont les militants de droite tourneboulés par un chef de l'Etat qu'ils trouvent trop en symbiose avec le gouvernement. Mais Chirac est un pragmatique. Après tout, sa posture ne diffère guère de celle qu'il avait adoptée en 1995 quand, pour faire la différence avec Edouard Balladur, il l'avait débordé sur sa gauche avec sa «fracture sociale». En 2002, il devra probablement doubler Charles