«La croissance, c'est moi, c'est nous, mais ce n'est sûrement pas la
chance!» Ah, les affres de la réussite! Lionel Jospin est un peu comme un Géo Trouvetout qui craint de se voir déposséder de la paternité de son invention. Depuis quelques semaines, l'idée le tourmente. «Il aurait pu en être autrement, a-t-il déclaré hier. Ces deux résultats (une croissance vigoureuse, un chômage en diminution continue depuis vingt-huit mois) n'allaient pas d'eux-mêmes. Ils résultent d'un changement de cap et de méthode, de la confiance recréée et d'une politique volontariste, persévérante, adaptée à la conjoncture économique de la France.» Il a même, pour la première fois, assuré que les 35 heures contribuent à créer des emplois, ce dont il n'était lui-même pas convaincu au départ.
Ce plaidoyer pro domo se justifie, selon lui, par les performances de l'économie française. Fin 1999, la progression de l'activité économique atteignait 4,4% en rythme annuel.
Pour le gouvernement, ce chiffre démontre la validité de son pilotage macro-économique depuis deux ans et demi, fait de mesures de relance (emplois-jeunes, baisse des cotisations maladie, 35 heures) et de mesures de rigueur (baisse du déficit budgétaire, privatisations). D'ailleurs, a rappelé Jospin, les 2,8% de croissance enregistrée sur l'ensemble de 1999 correspondent exactement à la prévision gouvernementale établie en septembre 1998, et ce, malgré la crise asiatique et le «trou d'air» qui a suivi.
Mais, pour la droite, le Premier ministre