Samedi matin, tout le monde suit le directeur et les surveillants pour une visite exceptionnelle de la prison de la Santé. Ici le «quartier bas», aux peintures fraîches et aux cellules individuelles. Un lit, deux étagères, une table. Juste au-dessus, les cellules des «particuliers». On y trouve les policiers, le personnel pénitentiaire, ou les personnalités qu'il est impossible de mélanger aux autres. Les surveillants assurent que certains bénéficient de durées allongées de parloirs et que souvent leurs portes restent ouvertes. Ils peuvent se rencontrer ou aller aux douches.
En dessous, le quartier disciplinaire (QD). Les cellules ont été repeintes en gris. Un lit, une tablette et un tabouret scellé, un WC à la turque. Parfois l'eau courante n'est qu'un jet au-dessus des toilettes. Sur la porte, une étiquette porte la mention «Puni». On y vit isolé, sans contact avec les autres détenus, «ce qui n'empêche pas qu'ils se parlent en criant par les fenêtres», dit le directeur. Les effets personnels du «puni» sont réduits à ses vêtements. Tabac, livres, journaux, mais pas de télé, de radio, de «cantine» (l'achat de denrées améliorant l'ordinaire). Depuis quatre ans, il est interdit de laisser les détenus nus au mitard. 80% des «punis» le sont en raison d'insultes et de bagarres. La sanction se décide dans une cellule déguisée en tribunal. Trois chaises et un bureau sur une estrade où prennent place le directeur ou un de ses adjoints et deux surveillants. Derrière une barre se tient