Après vingt-cinq ans de culture du chômage, la France et ses voisins
ont du mal à y croire. Au point que fin août, lors de l'université d'été du Parti socialiste, quand Lionel Jospin a parlé de «reconquérir le plein emploi» au cours de «la décennie à venir», la première réaction a été de se demander si le Premier ministre était victime d'une crise d'optimisme béat ou d'électoralisme naïf. Quatre mois plus tard, la tendance à la baisse du chômage n'a jamais été aussi forte, par son ampleur et par sa durée: un demi-million de chômeurs en moins, sur une période continue de 30 mois. Et rien ne permet de prédire une inversion de tendance dans les prochaines années.
Emplois-jeunes et 35 heures. Chaque pays a inventé ses recettes pour accompagner le mouvement. Le Danemark (près de 12% de chômeurs en 1994, contre 5,7% aujourd'hui) ou les Pays-Bas (plus de 7% en 1995, 3,2% aujourd'hui) ont misé sur la flexibilité maîtrisée. La plus forte baisse, celle de l'Espagne (23% en 1995, 15% en 1999), s'explique surtout par la croissance. La performance française, apparemment moins spectaculaire (12,5% en 1997, contre 10,6% en décembre 1999), n'en est pas moins suivie avec attention hors des frontières, car la décroissance du chômage s'accélère et se poursuit à un rythme plus rapide qu'ailleurs.
Le débat sur l'impact des emplois-jeunes ou des 35 heures est désormais dépassé. Le ministère de l'Emploi évalue à 260 000 depuis 1997 le nombre de nouveaux emplois créés par sa politique en faveur des je