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Libération
Critique

«La Vie moderne», billard à trois bandes.

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«La Vie moderne», «Magnolia» et «le Goût des autres»: des fictions polyphoniques, emblématiques de l'époque qui examinent la société par strates. Trois personnages, autant de récits parallèles et pléthore de rebondissements dans le nouveau Ferreira Barbosa.
publié le 1er mars 2000 à 23h08

Quel besoin de raconter trois histoires plutôt qu'une, deux ou mille? Quel rapport, au fait, entretiennent-elles les unes avec les autres? Quel arbitraire caché, ou hiérarchie, règle leurs pas? Pourquoi ce titre, la Vie moderne, après tant d'autres de même farine existentielle floue (Nos vies heureuses, C'est quoi la vie?")? On pourrait torturer de questions le nouveau film de Laurence Ferreira Barbosa, il ne se laisse pas si facilement démonter.

Tout en interruptions. On peut bel et bien le fragmenter en trois récits parallèles pour autant de personnages principaux, Marguerite, Jacques et Claire ­ respectivement une adolescente cherchant un remède à ses doutes dans la ferveur chrétienne, un chômeur basculant hébété dans une affaire louche, une femme désoeuvrée en virée express à Paris. Mais, très vite, il apparaît que ces trois-là tricotent chacun de leur côté un bout du pull de la fiction et n'ont pas forcément en tête le même modèle. Idem pour qui tient la vedette. Sur l'affiche, et c'est un peu normal, Isabelle Huppert (Claire) a droit à sa photo en grand, les autres tapent l'incruste en vignettes sur les côtés. Dans le film, les choses sont franchement plus démocratisées puisque n'importe qui ­ un passant, une silhouette ­ est toujours susceptible de débouler du fond du plan pour décrocher sa minute de gloire, et les chausse-trapes du montage peuvent escamoter à tout moment, sans crier gare, l'un des personnages au profit d'un autre. Le film fonctionne a