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Libération
Portrait

Le prince des intrigues du palais mitterrandien

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Avocat de belles causes et de célébrités, Dumas a grandi en politique dans l'ombre de son ami.
publié le 1er mars 2000 à 23h08

Picasso l'appelait Alexandre. Le peintre flattait son avocat, moins pour le hasard des noms que pour son talent à faire de sa vie un monde digne de son célèbre homonyme. Le pouvoir, les femmes, l'argent, les secrets, les mensonges, les intrigues de palais, tout y est chez Roland Dumas. Ces derniers jours, alors que l'épopée s'achève, on peut l'apercevoir, joliment accompagné, qui mange des huîtres au Cap-Ferret.

Lorsqu'il se lève, il claudique. Vieille blessure que l'âge n'arrange pas. Rien à voir avec les boulets de l'ancien régime que traîne cet homme de 77 ans. C'est le primus inter pares des mitterrandistes qui finit dans le prétoire. Sur le banc des prévenus. De lui-même, il fond deux réquisitoires: «A travers moi, on veut détruire l'héritage de Mitterrand», déclare-t-il au Figaro en 1998. Le compagnonnage a commencé un jour de janvier 1956: alors qu'il vient, à 33 ans, d'être élu député de la Haute-Vienne, il se retrouve près des Champs-Elysées, dans les bureaux de l'UDSR, en face de François Mitterrand. Ce dernier tient à le féliciter, et très vite reconnaît en lui un frère de ruse. Il aura tôt fait de l'associer à ses manoeuvres. Roland Dumas devient l'homme des missions délicates. Belles causes et grands clients. Nobles débuts biographiques: il traverse l'Occupation en jeune résistant famélique qui doit reconnaître le corps de son père, Georges Dumas, troué par la Gestapo. Et puis la noblesse s'étiole, alors que sa cote s'envole. Car des belles causes qu'il a défendu