Le procès de Roland Dumas aura donc lieu. Sept prévenus sont
renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris. Après deux ans et demi d'instruction hypermédiatisée, on a l'impression de tout savoir de l'affaire de l'appartement de la rue de Lille, des bottines de Dumas, de la carte bleue de son amie Christine Deviers-Joncour ou des commissions sur les frégates de Taiwan. On sait tout et on ne sait encore rien. Ce qu'ils diront lorsqu'ils seront tous ensemble, on peut juste imaginer.
Cinq mois de préventive. On les voit presque arriver. Roland Dumas n'oubliera pas de sourire. Vieux séducteur, grand avocat, ancien président du Conseil constitutionnel, il fendra la foule avec tranquillité. Christine Deviers-Joncour apparaîtra plus tendue. Elle aura préparé une déclaration pour la presse. Elle a fait cinq mois de préventive à Fleury-Mérogis. Gilbert Miara, l'autre amant de Christine, play-boy sur le retour, passera quasiment inaperçu. Il n'a fait que quelques semaines de détention. Loïk Le Floch-Prigent, l'ancien patron d'Elf, aura plus de succès. Le port altier, il lancera des regards tantôt inquiets, tantôt agressifs. Il a fait cinq mois de prison lui aussi, mais à la Santé. Deux hommes seront résolument discrets. André Tarallo, ancien patron du groupe Elf en Afrique, 70 ans, chauve, l'air d'un retraité riche et déterminé. Il a fait l'ENA avec Chirac, puis a passé sa vie à côtoyer les chefs d'Etat africains pour le compte de la compagnie. Jean-Claude Vauchez, encore plus pass