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Libération
Interview

François Léotard tire un bilan désabusé de son action. «Le pouvoir politique est devenu virtuel».

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publié le 6 mars 2000 à 23h03

A bientôt 58 ans, l'ex-président de l'UDF et ancien ministre de la

Défense tourne une page. Après avoir échoué à faire gagner la liste UDF-RPR en Provence-Alpes-Côte d'Azur lors des élections régionales de 1998, François Léotard n'est aujourd'hui plus que conseiller régional et député UDF du Var. A l'heure où plusieurs de ses amis quittent la politique, lui aussi s'interroge, «sans aigreur ni nostalgie», dans un livre à paraître mercredi (1). Interview.

«Je vous hais tous avec douceur», cela sonne comme l'annonce d'une rupture. Vous quittez la politique?

J'ai emprunté ce titre à Saint-John Perse. Il illustre assez bien la contradiction entre l'attitude un peu rude de l'opinion vis-à-vis du monde politique et la tendresse que j'ai pour la chose publique et pour les causes que j'ai défendues. Je confesse volontiers un certain sentiment de désenchantement par rapport à mon enthousiasme de jeunesse. J'avais besoin de l'analyser pour mettre un terme à une partie de mon passé. Mais ce n'est ni de la déception ni de la tristesse ou de l'amertume. Je veux agir différemment.

Quelles sont les causes de ce désamour entre l'opinion et le monde politique?

A mon sens, elles sont institutionnelles ­ abaissement du Parlement, cumul des mandats ­ mais elles tiennent aussi au rôle de l'apparence dans la vie publique, au primat de l'économie, à l'affaissement des idéologies. Toutes ces causes ont convergé et amené la politique à s'effondrer sur elle-même. D'un côté, il y a la puissance des marchés