C'est un avertissement pour Lionel Jospin. Si le second tour de la

présidentielle avait lieu aujourd'hui, il perdrait face à un Jacques Chirac qui retrouve la forme. 52% pour le second, 48% pour le premier. Lors de la dernière livraison de l'indicateur présidentiel Libération-CSA-BFM, le résultat était inverse. Il faut remonter à mai 1999 pour voir le chef du gouvernement ainsi défait. Ce mois-là, Chirac triomphait avec 54% des intentions de vote. C'était au lendemain de l'incendie d'une paillote en Corse et de la mise en cause du préfet Bonnet, en pleine crise gouvernementale. Jospin s'était bien rattrapé. Depuis novembre, il distançait même régulièrement le chef de l'Etat de 4 points (52% contre 48). Le revirement est d'importance.

Psyché nationale. Son faux pas en Israël n'est pas pour rien dans cette volte-face de l'opinion. Réalisé au lendemain des incidents de l'université de Bir Zeit, notre sondage (1) confirme que les Français n'ont guère goûté les mésaventures du chef du gouvernement au Proche-Orient qui l'ont vu, pour un «mot controversé», être lapidé par des étudiants palestiniens. En période de cohabitation, les incursions d'un Premier ministre sur le terrain de la politique étrangère sont toujours à haut risque tant ce domaine ­ fût-il partagé ­ relève d'abord, dans la psyché nationale, du champ présidentiel. Gare à la faute. Puisque faute il y a eu, l'incident de cohabitation auquel cet épisode a donné lieu a été porté au débit d'un Premier ministre que l'opini