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Libération

Les Arméniens défilent contre la Realpolitik. Ils réclament la reconnaissance du génocide de 1915 bloquée par le Sénat.

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par Marcia LACOMBE
publié le 13 mars 2000 à 22h54

Devant le Sénat, les drapeaux arméniens flottent au rythme de la

mélodie pop I Will Survive. Samedi après-midi, plus de 5 000 personnes ont répondu à l'appel du Comité du 24 avril, collectif regroupant 350 organisations arméniennes qui réclament la reconnaissance par la France du génocide arménien de 1915. Plusieurs hommes politiques sont présents, dont les députés RPR Pierre Lellouche et Patrick Devedjian ou le porte-parole des Verts, Jean-Luc Bennahmias.

Adoptée par l'Assemblée nationale le 29 mai 1998, la proposition de loi sur la reconnaissance du génocide arménien ne parvient pas à franchir le seuil de la Haute Assemblée. Le 22 février dernier, la Conférence des présidents du Sénat a repoussé une seconde fois l'examen du texte. Les enjeux commerciaux et politiques entre la France et la Turquie sont les plus forts. Bulent Ecevit, le Premier ministre turc, a indiqué que la reconnaissance du génocide par le Parlement français constituerait «un obstacle aux relations turco-françaises». D'où l'embarras de Jacques Chirac, mais aussi du Quai d'Orsay, qui a clairement fait pression pour que le texte ne soit pas examiné.

Dépitée, la communauté arménienne de France entend poursuivre son combat. Toute génération confondue. «On ne peut pas oublier. C'est une question d'identité, mes arrière-grands-parents sont morts dans ce génocide. La France doit le reconnaître», plaide calmement Méline, 16 ans. Fort du soutien de la gauche sénatoriale, le Comité du 24 avril espère soumettre de nou