Mitterrand est mort, il est ressuscité par Tonie Marshall. La réalisatrice de Vénus beauté institut réactive ici le mythe mitterrandien dans une drôle de sitcom politique, via le personnage d'une jeune fille totalement shootée au roc de Solutré. Justine (Emmanuelle Devos) mène une vie d'étudiante attardée, mignonne, toujours à deux doigts de l'évanouissement. Elle n'a pas de petit copain attitré, plutôt une ribambelle de prétendants langue à terre. Il y a une raison bien précise à cet apparent désert sentimental: le fantôme de François Mitterrand a pris toute la place dans sa vie. Elle prépare une thèse sur son idole. Au fond de ses assiettes, il y a des portraits de Mitterrand. Son chien s'appelle Jarnac. Lorsqu'elle est seule, elle se repasse les bandes vidéo du débat Mitterrand-Chirac de 1988 («les yeux dans les yeux, je le conteste», etc.), tel un vieux porno de Marc Dorcel. Bref, son appartement est devenu un mausolée. Elle mène cette existence discrète de dévote jusqu'à ce qu'Alexandre (Patrick Pineau) et Joseph (Eric Petitjean), deux copains d'enfance préquadras, qui ont entrepris de la draguer, découvrent l'ampleur du pot aux roses. Un ménage à trois se constitue alors avec Mitterrand en figure hologrammique, tout à la fois père incestueux virtuel et adoré de la jeune fille, rival réel et honni des deux garçons et, en même temps, ciment provisoire des trois personnages" Cette fantaisie mitterrandienne fonctionne surtout sur la déclinaison comique de ces petites mytho
Critique
Le fantôme du Président
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par Emmanuel PONCET
publié le 17 mars 2000 à 23h35
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