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Libération
Enquête

GRAND ANGLE. A la veille de l'ouverture du XXXe congrès du PCF, paroles croisées de militants sur le passé et l'avenir du parti. Engagés dans le Cher, ils expliquent pourquoi Le parti de Robert Hue garde leur préférence pour incarner les valeurs de la gauche.

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publié le 22 mars 2000 à 23h23

Bourges, envoyé spécial.

Maurice a enterré son père le jour où Boris Eltsine a accédé au pouvoir à Moscou en 1991. Quand un copain du parti est venu le lui dire au cimetière, Maurice, membre du PCF depuis 1957, s'est dit que ce n'était pas plus mal qu'il ne l'ait pas su. Puis il a pensé à cette confidence qu'un jour son père lui avait faite: «J'espère que tu verras des choses que j'aurais voulu voir.» Il n'est plus là pour dire quoi. Mais sa veuve, Lucienne, 90 ans depuis le 18 mars, membre du PCF depuis 1945, longtemps trésorière de cellule, puis de section, a sa petite idée. Son mari, qui, lui, lisait LE journal, l'Humanité bien sûr, lui a toujours rappelé qu'à Villabon, leur village du Cher, ou ailleurs, à Bourges, partout, il y avait «assez de misère à vivre». Il faut «toujours continuer de se battre, de se défendre, de lutter», lui disait son mari. «Il ne faut jamais se tromper et toujours voter communiste», lui a-t-il aussi fait promettre. Depuis sa petite maison attenante à l'épicerie qu'elle a longtemps tenue dans le bourg, Lucienne constate aujourd'hui que si «ça ne va pas bien, surtout pour les jeunes, on ne peut pas dire que c'est de la faute au PCF. Il fait ce qu'il peut». Maurice aussi fait ce qu'il peut. A la retraite depuis 1993, il en fait moins que naguère, mais il continue de rayonner sur son canton, celui de Baugy, pour vendre des timbres de cotisation. Communiste, Maurice l'est «de plus en plus». Et pas simplement parce qu'à 12 ans, déjà, il côtoyait des