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Libération
Interview

Marc Lazar, historien, analyse l'idéologie du PCF d'aujourd'hui. Un parti «United colors of communism».

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publié le 23 mars 2000 à 23h21

Spécialiste du communisme, Marc Lazar est professeur d'histoire et

de sociologie politique à l'Institut des sciences politiques. Il analyse les évolutions du PCF à la veille du congrès de Martigues qui s'ouvre aujourd'hui.

Pourra-t-on encore parler d'un parti communiste à l'issue du XXXe Congrès du PCF?

Du point du vue du nom, de l'identité revendiquée, nous avons bien affaire à un parti qui se réclame encore du communisme. Certes, il marque des ruptures en matière d'organisation interne ­ qui fait partie de l'identité communiste. Il rompt aussi avec certains dogmes: l'utopie est clairement revendiquée, le PCF ne se réfère donc plus au caractère scientifique du marxisme; en outre, il remplace le collectif par l'individu, mis désormais au centre du parti. Mais demeurent l'anticapitalisme, l'anti-impérialisme et la perspective révolutionnaire.

En fin de compte, le PCF reste un parti communiste. Mais c'est un PCF United colors of communism: les Blancs, les Noirs, les roses, les beurs, les homosexuels, les féministes s'y retrouvent. Et tous se réclament d'une culture communiste il est vrai difficile à saisir. Ce patchwork entend toujours former un parti communiste.

Lorsque les dirigeants du PCF affirment que le communisme existait déjà avant la révolution de 1917, ne se livrent-ils pas à une réécriture de l'Histoire?

Tout à fait. Selon eux, le communisme français ne peut dorénavant se légitimer par l'Union soviétique. Il faut donc l'enraciner dans l'histoire française, le XIXe siècle,