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Libération
Interview

Michel Rocard: «Un défi analogue à la monnaie unique».

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Michel Rocard, président de la Commission emploi au Parlement européen
publié le 23 mars 2000 à 23h21

Ancien Premier ministre, le socialiste Michel Rocard, député européen et président de la Commission emploi et affaires sociales du Parlement de Strasbourg, répond aux questions de Libération.

Pour Romano Prodi, ce sommet de Lisbonne doit sonner le départ d'une renaissance de l'Europe. Sera-t-il si crucial que cela?

L'Europe, c'est compliqué, ça n'avance que pas à pas. Il est presque hors de portée de pouvoir arracher des décisions perceptibles immédiatement par l'opinion. Pourtant, le succès de la mise en place de l'euro montre que l'Europe sait faire des choses, même lentement. Après la décennie 1980 passée à mettre au point le Marché unique, la décennie 1990 à préparer l'euro, nous ouvrons la décennie 2000 avec la priorité à l'emploi, pour essayer de faire comme on a fait avec l'euro. Souvenez-vous de tous les doutes qui entouraient ce projet. Pourtant, ça a marché, grâce à la technique de convergence vers des objectifs communs ­ les critères de Maastricht ­, dont l'application relevait de chaque nation. Le sommet de Lisbonne va mettre en branle le même processus pour l'emploi. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain: on en prend pour dix ans. Il ne faut pas s'impatienter, c'est de l'arboriculture.

Avec à la clé la promesse du plein-emploi à l'horizon 2010?

Il est moins déraisonnable d'en parler qu'il y a trois ou quatre ans. On semble se réhabituer à un peu de croissance. Cela dit, le plein-emploi doit s'entendre hors chômage structurel, estimé à 4% dans l'Union, un peu plus en France.

Pourra-t-on y parvenir?

La conjoncture est bonne dans l'ensemble des pays d'Europe. Jumeler la lente décrue du chômage avec un effort substantiel sur les technologies de l'information et de la