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Libération

Images de sorties de route

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Raymond Depardon signe une campagne contre l'insécurité routière.
publié le 27 mars 2000 à 23h17

Studio noir, parole blanche. Face à la caméra, ils racontent. Derrière la caméra: Raymond Depardon, caché sous un voile noir, comme le reste du décor. «Je ne voulais pas qu'ils me voient, juste qu'ils m'entendent. Je ne leur posais pas de questions, juste des relances, quand ils hésitaient à raconter leur drame.» Un accident de voiture, qu'ils ont provoqué ou auquel ils ont été confrontés, eux ou leurs proches. Le cadre est fixe, pas besoin d'en rajouter. Soixante-dix personnes ont défilé dans le studio du photographe-cinéaste pour dire la douleur du remord après l'accident dont on sort indemne mais pas ses passagers, l'épouvante du téléphone qui sonne la nuit pour annoncer la mort, ou la première vision du fauteuil roulant qui deviendra compagnon. Sur les 70 témoignages mis en boîte, 29 sont présentés à la presse aujourd'hui par Isabelle Massin, déléguée interministérielle à la Sécurité routière, et Etienne Mougeotte, vice-président de TF1. Car ils seront diffusés sur cette chaîne dans les prochains jours, à des heures de grande écoute.

C'est que Matignon a décidé que l'an 2000 aura sa «grande cause nationale» à la télé et au bord de la route: le combat contre l'insécurité routière. Grande campagne de communication plutôt que «grande cause», «pour faire prendre conscience», selon le ministère des Transports. Alors ces petits films directs débarquent sans prévenir, entre le Bigdil et la météo. Des séquences de 40 secondes, pour des tournages de 22 minutes. Un choix de Depardo