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Interview

Allègre «Les attaques étaient irrationnelles».

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Philippe Meirieu, son conseiller, revient sur la chute d'Allègre.
publié le 29 mars 2000 à 23h13

Septembre 1997: Claude Allègre appelle le pédagogue Philippe Meirieu et lui demande de «réfléchir à une méthode pour réformer les lycées». Mars 2000, Claude Allègre chute, notamment face à l'hostilité des pourfendeurs du «lycée light» issu, disent-ils, de la réforme Allègre-Meirieu, annoncée il y a tout juste un an. L'analyse d'un compagnon de route sur ces deux ans et demi qui ont failli ébranler l'Education nationale.

Le départ de Claude Allègre prouve-t-il, une fois de plus, qu'on ne peut pas réformer l'Education nationale?

Je ne le crois pas. Il y avait, à son arrivée, un mouvement de fond de l'opinion en faveur du changement, sur lequel il aurait fallu s'appuyer, au lieu de s'enfermer dans un bras de fer entre un ministre et des syndicats. J'étais favorable à un débat au Parlement, mais Claude Allègre ne souhaitait pas légiférer.

Est-ce encore possible?

Les échéances électorales sont peut-être trop proches" L'école, c'est comme l'Europe, en plus passionnel! En lançant le débat, vous divisez dans votre propre camp, et vous obtenez des soutiens que vous ne souhaitez pas forcément.

Quelle doit être la priorité de Jack Lang?

Le service des enseignants, c'est-à-dire l'organisation de leur temps de travail. Ce sera une urgence, s'il souhaite mener à terme la réforme. De plus, je suis certain que beaucoup d'enseignants n'y sont pas hostiles a priori. En contournant ce débat, Claude Allègre a sans doute donné des armes à ses détracteurs. Pour mettre en place l'aide individualisée aux élèves de seconde, il a fallu diminuer les heures de cours. On s'est mis tout le monde à dos. Les syndicats, qui ont pu dénoncer l'empilement de dispositifs sans cohérence