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Libération

A tombeau ouvert

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Dans l'indifférence totale. Sida, nucléaire ou précarité font plus peur que la route.
publié le 1er avril 2000 à 0h21

Pourquoi n'a-t-on pas peur de l'accident de la route? Depuis trois ans et demi, Tahar Khlifi, psychologue, tente de comprendre pourquoi les 8000 morts annuels et les 150000 blessés n'intéressent personne, ou si peu. Pourquoi, surtout, chacun accepte cet état de fait. Il en a fait sa thèse de doctorat ­ «et je tente maintenant d'apporter des solutions applicables pour changer l'ordre des choses». La Sécurité routière a été décrétée grande cause nationale cette année, et le chercheur veut en profiter pour mener des actions adaptées et aussi spectaculaires que celles qui sont mises en oeuvre pour les autres préoccupations sociales des Français (lire ci-dessous). Car, en hiérarchisant ces préoccupations, il s'est aperçu que le risque routier arrivait loin derrière le sida, la fracture sociale, le risque nucléaire, la délinquance et le chômage. C'est de là qu'est partie son enquête. «J'ai voulu comprendre les raisons de cette sous-évaluation en menant une centaine d'entretiens personnalisés.» «Retour de bâton». Le paradoxe du risque routier, c'est que tous ses interlocuteurs en sont parfaitement conscients. La plupart d'entre eux l'ont non seulement accepté, mais ils le revendiquent. «On m'a affirmé des choses telles que: "Le risque est inhérent à la vie ou "Ceux qui ont peur sont des pleutres, et encore: "Je prends des risques, donc j'existe.» De plus, selon le psychologue, cette attitude semble se développer ces dernières années. «C'est un retour de bâton. La société actuelle e