Il a suffi d'une phrase de Lionel Jospin pour que les socialistes se
réveillent. A l'un de ses ministres, le Premier ministre a dit, il y a quelques semaines: «Si nous perdons les législatives, je ne serai pas candidat à la présidentielle.» Du Jospin très amoureux de sa liberté. Du Jospin faussement distancié, du Jospin, surtout, qui vivait à ce moment-là des heures fragiles. C'était avant le remaniement de la fin mars: les profs s'éternisaient dans la rue, son voyage en Palestine avait requinqué le locataire de l'Elysée qui se croyait jusqu'alors l'unique préposé aux bourdes, les agents du fisc ne décoléraient pas et les ministres montraient des signes de fatigue.
Quelques jours plus tard, lors d'un déjeuner amical du premier cercle jospiniste, l'hypothèse était évoquée. Pour les uns, Jospin indique qu'il joue quitte ou double; pour les autres, le Premier ministre tient simplement à dire à ses troupes qu'elles doivent se concentrer sur les législatives plutôt que sur la présidentielle. Héritage. Après trois années de grosses têtes, les socialistes se reprennent en tout cas à réfléchir. La phrase du Premier ministre ajoutée à la perspective du congrès du PS à la fin de l'année, et revoilà chaque camp qui se met à penser l'héritage. Et nos édiles de ressortir leurs poupées russes. Qui vient après Jospin? C'est Martine Aubry. Et après? Laurent Fabius. L'une s'apprête à quitter son ministère pour celui de la parole, et l'autre fait son retour à Bercy. Ça suffit à égayer le mono