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Libération

L'amertume de l'ami Allègre. L'ex-ministre vit mal son éviction et sa rupture avec Jospin.

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publié le 22 avril 2000 à 23h53

Le 31 mars, c'était l'anniversaire de Claude Allègre. 63 ans. Le

téléphone a sonné: le Premier ministre, qui quatre jours plus tôt l'a écarté froidement de son gouvernement, l'ami qui n'oublie pas les dates importantes. Jospin tente encore le découplage, Allègre ne le fait plus. La politique a contrarié l'amitié. Le locataire de Matignon a laissé un message.

Claude Allègre a réintégré le troisième étage de la tour 14 de l'université Paris-VII, à l'Institut de physique du Globe de Paris. Là, il gère son ressentiment comme son ministère. A coups de gueule. Il a beaucoup reçu la presse. Jamais ministre viré n'avait ainsi étalé sa colère. D'abord, il a voulu sauver son honneur et son bilan, avoir raison seul contre tous. La semaine qui a suivi son éviction, il a fini d'éreinter les profs dans Paris-Match, en précisant que certains manifestent le litre de rouge à la main, et écrit une longue tribune sur la décentralisation de l'enseignement dans le Nouvel Observateur. Mais peu importent les enseignants, il n'a plus qu'un seul compte à régler. Bouquet final dimanche soir dernier sur France 2: «J'ai le sentiment d'un Premier ministre qui a eu peur. Qui a inutilement eu peur. ["] Il m'a donné peu d'argent et il voulait quand même réussir à travers moi ce qu'il avait raté lui-même.» ça sonne comme la réponse qu'il n'a pas faite, pas osé faire, le samedi 25, alors qu'il déjeune en tête à tête avec l'ami de quarante ans qui le congédie. «Tu t'es planté», lui a dit en substance Jospin.