Amiens, correspondance.
Un député évacué par les gendarmes en hélicoptère, voilà qui n'est pas courant. C'est le sort qu'a connu, samedi, Vincent Peillon, député socialiste de la Somme, confronté dans sa circonscription à une violente manifestation de chasseurs, furieux du projet de loi sur la chasse qui restreint les dates d'ouverture de la chasse au gibier d'eau pour mettre la législation française en conformité avec une directive européenne.
Ruban, discours, photo en rang d'oignons, l'inauguration de la déchetterie d'Ault (Somme) ne devait pourtant pas faire de vagues. Mais quelques dizaines de chasseurs s'échauffaient depuis le matin sur deux ronds-points qui ouvrent la baie de Somme aux touristes. Vers 10 heures, ils décident de migrer vers Ault et sa déchetterie intercommunale toute neuve. Les oeufs pourris volent, les galets aussi, des excités tentent de forcer la grille du site blessant deux élus et trois gendarmes mobiles appelés en renfort. Réfugié dans le bunker de tôle, le député doit être évacué par l'hélicoptère de la gendarmerie. «Il a été parachuté, maintenant il s'envole», rigolent les chasseurs qui reprennent leur barrage filtrant l'après-midi, comme si rien ne s'était passé.
«On aurait pu avoir un mort», commente Camille Marcan-Dumesnil, président du syndicat de commune et puissance invitante de la cérémonie, «Vincent Peillon a échappé à un lynchage.» «Il ne faut pas reculer d'un iota, sinon c'est foutu», assure celui-ci. Choqué mais combatif, le député récla