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Interview

Yves Meny, directeur du centre Robert-Schuman: «Le populisme peut resurgir».

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publié le 29 avril 2000 à 23h43

Yves Meny, directeur du centre Robert-Schuman à l'Institut

universitaire européen de Florence, publie le 17 mai avec Yves Surel, chercheur au Cevipof, un ouvrage, Par le peuple et pour le peuple (Editions Fayard), consacré au populisme dans les démocraties européennes.

L'Autriche vient d'être séduite par les sirènes de Jorg Haider, Berlusconi et Bossi pèsent de plus en plus en Italie, alors qu'en France l'extrême droite décline. Faut-il y voir une exception française?

Le populisme en France, dans les pays scandinaves, en Italie ou en Autriche se développe quand l'espace laissé à l'expression populaire se réduit. Les démocraties occidentales se sont construites autour de deux piliers: l'élément populaire et l'élément constitutionnaliste ou juridique, qui garantit l'existence de règles présentées comme suprêmes. Quand ce deuxième pilier devient de plus en plus prégnant, au détriment du premier, ce qui est le cas dans les démocraties occidentales depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le populisme peut se développer. Autre facteur déterminant: l'usure des systèmes politiques. En Autriche, par exemple, le fait que le pays était depuis la guerre dirigé en permanence par la même coalition a abouti à l'existence d'un système quasiment de parti unique, où les possibilités d'expression, d'inflexions se sont réduites. A un moment où à un autre, la marmite peut exploser. Cela donne Haider. Ou Berlusconi en Italie, où la crise dure depuis dix ans mais n'a donné lieu à aucune vrai