Député (PS) des Landes, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Henri Emmanuelli vient d'écrire son premier roman. Interview.
Ecrire un roman, c'est une marque de dépit vis-à-vis de la politique?
Ce qui me fascine dans la fiction, c'est la possibilité de s'exprimer d'une façon inconnue en politique. J'avais envie d'écrire depuis l'âge de 20 ans, et les quatre mois pendant lesquels je n'ai fait que cela, ce fut une immersion totale. J'étais vraiment ailleurs, jouissant d'une totale liberté. Alors que dans la vie publique, dès qu'on ouvre la bouche, on doit se montrer responsable. La littérature, c'est la liberté absolue; la politique, c'est la somme de toutes les contraintes.
Un espace de «liberté absolue» dans lequel on retrouve nombre d'éléments autobiographiques?
Plutôt que de créer un univers romanesque à proprement parler, je souhaitais d'abord me servir de l'histoire comme d'un support pour développer certaines réflexions. Evidemment, mon expérience personnelle me poussait à dire deux ou trois choses sur la justice. Parce que c'est devenu le dernier refuge du sacré, le dernier endroit où, aujourd'hui encore, on dit le Bien et le Mal. Je voulais évoquer cette place que prend, par défaut, la justice dans l'ordre social et politique. Et puis j'espérais aller au bout d'une contradiction: je ne suis pas sûr de grand-chose" alors que je produis plutôt l'image contraire.
Vous pensez que ce livre va changer votre image?
Je ne sais pas mais ce qui me frappe, c'est l'image que je découvre de la politique en creux. Pour les gens, quand on est en politique, on sort de la normalité. On s'étonne qu'un homme politique puisse penser, ressentir des émotions, avoir une ce