De l'art de maquiller un avertissement. «Les affaires européennes ne
sont plus des affaires étrangères», dira aujourd'hui Lionel Jospin devant l'Assemblée nationale, où il présente les grandes orientations de la présidence française de l'Union européenne qui s'ouvre le 1er juillet. Lecture pédagogique: «Nous habitons l'Europe"» Lecture politique: «" Donc, j'ai voix au chapitre.» Le Premier ministre sait que Jacques Chirac va reprendre du service. L'Europe avait déjà perturbé les débuts de la cohabitation. A peine arrivé, Jospin revendiquait une «réorientation» sociale de la construction européenne, Jacques Chirac rappelait le mémorandum social qu'il avait présenté en 1996. Guerre de labels, guerre de «je», qui n'aspire qu'à reprendre.
Cette présidence de l'Europe tombe à pic pour le président de la République. Elle lui permet de reprendre la main sur Lionel Jospin. Protocole oblige, se plaît à souligner l'Elysée: «Il est chef de l'Etat et donc chef de la délégation. Chacun à sa place. Ce qui ne veut pas dire que le Premier ministre n'a pas de responsabilités.» Un cadre parfait, donc. Où, sous la politesse, les coups de savate sont permis. Tempo. En principe, tout est réglé comme du papier à musique pour éviter les couacs dans cette période de lancement de la présidence française. Il existe, à l'Elysée comme à Matignon, un document officiel, élaboré par le secrétariat général intergouvernemental aux affaires européennes. «Sur le fond, on n'a pas été pris en défaut d'avoir m