Nécessités électoralistes font désormais loi de finances. Et ceux
qui doutent encore de l'influence des enjeux politiques sur la conduite des finances publiques auront perdu leurs illusions demain soir. Par deux fois d'ici là, Laurent Fabius se sera présenté devant les députés: cet après-midi, pour leur exposer les «orientations économiques du gouvernement pour 2001»; demain après-midi, pour détailler l'utilisation de la «cagnotte» de 50 milliards dans le cadre du collectif budgétaire 2000. L'actuel tropisme du gouvernement n'en ressort que plus nettement: priorité est clairement donnée aux baisses d'impôt susceptibles d'amadouer les classes moyennes à la veille des municipales, puis des législatives et de la présidentielle. Quitte à mettre en sourdine la rengaine sur la nécessité de réduire les déficits, quitte à serrer la vis de la dépense publique, quitte aussi à se livrer à quelques acrobaties pour trouver des marges suffisantes au financement de ses cadeaux fiscaux.
Satisfaire le PS. La majorité, pour l'heure, ne boude pas son plaisir. «Les baisses d'impôt atteindront cette année 80 milliards de francs, dont 70 milliards pour les ménages: c'est sans précédent dans l'histoire», s'est hier félicité Didier Migaud, rapporteur PS du budget. Rien de bien nouveau toutefois. Dès la fin mars, et pour couper court à la désagréable polémique sur la cagnotte, Lionel Jospin avait annoncé son intention d'accentuer de 40 milliards de francs les baisses d'impôt initialement prévues dans