La consigne est tombée du bureau de Laurent Fabius: pas question de
risquer l'amalgame entre son avant-projet sur l'épargne salariale et les fonds de pension. Le «débrouillez-vous» venu du sommet a été reçu cinq sur cinq par des équipes tétanisées par la froide impassibilité du nouvel hôte de Bercy. Objectif atteint: Laurent Fabius boucle aujourd'hui une première vague de consultations bilatérales avec les partenaires sociaux sans réelle acrimonie contre son projet, le texte se contentant de brosser à grands traits les intentions du ministre: renforcer les droits des salariés, en instaurant une obligation annuelle de négociation sur les questions d'épargne salariale, créer des plans d'épargne interentreprise (PEI ) pour généraliser les mécanismes d'épargne salariale au niveau des PME et leur permettre de trouver des sources de financement" C'est sur un autre aspect de son projet que Laurent Fabius se savait attendu. A l'instar de Dominique Strauss-Kahn, il est favorable à la mise en place de fonds investis pour partie en actions, qui permettraient aux salariés de placer une part de leurs revenus salariaux sur le long terme (entre 10 et 15 ans), tout en bénéficiant d'abondements de leur employeur (jusqu'à 30 000 F par an). Or, ces plans, baptisés plans partenariaux d'épargne salariale (PPES), risquaient d'apparaître trop proches des fonds de pension vilipendés par une certaine gauche.
Bercy s'est donc gardé de trop préciser sa pensée, laissant aux syndicats le soin de dessiner