Retiré sur son Aventin, Jean-Pierre Chevènement observe. Mutique.
Fini les joutes avec Elisabeth Guigou, les passes d'armes avec Dominique Voynet et le punching-ball avec Daniel Cohn-Bendit. Terminé ses diatribes publiques contre l'Europe fédérale. Oublié ses sorties contre les sans-papiers. Dans la fragile construction de la «gauche plurielle», le président du Mouvement des citoyens apparaissait comme la «caution» républicaine de Lionel Jospin. Aujourd'hui, elle ne semble plus indispensable.
Quand elle s'exprime, c'est de manière réprobatrice. Et mezza voce. Comme sur la Corse. Les discussions engagées par le Premier ministre sur le devenir de l'île, sa bienveillance pour l'autonomie réclamée par certains élus dont les nationalistes ont franchement agacé Jean-Pierre Chevènement. «Sur ce dossier de Corse, on est en train de nous manipuler», affirmait-il fin mars. Mais pour le reste, c'est subliminal.
Quand il réclame «un droit d'ingérence dans l'économie», c'est en pensant à Belfort, où Alstom annonce la suppression de 1 100 emplois. Quand la Banque centrale européenne hausse ses taux d'intérêt pour juguler la baisse de l'euro, il «regrette». Et il attend le départ de Claude Allègre du ministère de l'Education nationale pour confier: «Il y a des réformes qu'il faut ne pas savoir faire.» Entre «fermer sa gueule» ou démissionner, Chevènement aurait-il choisi?
Pour certains, le remaniement gouvernemental signifie la perte d'influence de la branche républicaine au sein du gouvernem