On ne compte plus les dérapages verbaux et les provocations de
Jean-Pierre Chevènement depuis son entrée dans le gouvernement de Lionel Jospin. Depuis quelques mois, il s'était gardé de tout excès et de toute polémique avec ses collègues ministres, au point que certains s'étonnaient de son silence. Hier, le locataire de la place Beauvau en est sorti de façon spectaculaire. Au risque, rien de moins, d'entacher les relations entre la France et l'Allemagne, à quelques semaines du début de la présidence française de l'Union européenne.
Au prétexte de fustiger le projet d'Europe fédérale de Joschka Fischer, le ministre Vert allemand des Affaires étrangères, Chevènement, hier, a non seulement renvoyé l'Allemagne à son passé nazi mais surtout expliqué qu'elle n'en était pas totalement «guérie». «Nous sommes en présence d'une tendance de l'Allemagne à imaginer pour l'Europe une structure fédérale qui correspond à son modèle. Au fond, elle rêve toujours du Saint Empire romain germanique. Elle ne s'est pas encore guérie du déraillement qu'a été le nazisme dans son histoire. Elle a une conception de la nation qui est celle du Volk [peuple], c'est-à-dire une conception ethnique», a-t-il expliqué sur France 2. «Il faudrait l'aider à se forger une autre idée de la nation, l'idée de la nation citoyenne, pour un meilleur dialogue avec la France», a-t-il ajouté.
Valéry Giscard d'Estaing s'est aussitôt déclaré «scandalisé» par les propos du ministre. «Le fait d'accuser les dirigeants allemands d