Il était difficile de savoir quoi, mais il y avait dès le départ
quelque chose d'inhabituel dans la manifestation, samedi à Paris, pour le droit de vote des étrangers. D'abord elle partait de la Nation vers la République, forte image, mais contraire aux usages: on marche dans l'autre sens, d'habitude. Il y avait ensuite Robert Hue au premier rang, et surtout Bertrand Delanoë, le candidat socialiste aux municipales, avec une délégation PS en fin de manif, ce qui est assez neuf. Il n'y avait en revanche que 1 700 personnes selon la police, 3 000 selon les organisateurs, ce qui est plus commun.
Les piliers du mouvement sont évidemment tous là, la Ligue des droits de l'homme, le Mrap, le PCF, les Verts, Lutte ouvrière et la LCR, Ras l'Front, Sud et les 70 associations membres du collectif pour le droit de vote. Mais les militants regardent d'un oeil mauvais le candidat socialiste à Paris. «On voit que les municipales approchent», grince un porte-drapeau de Sud. En fin de cortège, la poignée de socialistes et son service d'ordre commencent à serrer dans leurs poches les bombes lacrymogènes, et le défilé se met en route, avec les mots d'ordre habituels. «Le problème n'est pas de savoir si on donnera le droit de vote aux étrangers, mais quand, explique Me Henri Leclerc, pour la Ligue des droits de l'homme. Nous on dit: "Pourquoi pas tout de suite?» Robert Hue voit dans sa présence une «cohérence avec le vote à l'Assemblée nationale» du projet de droit de vote, pour l'heure en souffra