Lionel Jospin peut-il être élu président dans deux ans? Ce serait
une première. Jamais Premier ministre en exercice n'a réussi à traverser la Seine pour aller directement de Matignon à l'Élysée. Mais avant Jospin, jamais la gauche sous la Ve République n'avait été majoritaire à l'Assemblée nationale sans avoir, au préalable, conquis le fauteuil présidentiel. Pour en avoir déjà brisé un, l'ancien premier secrétaire du PS peut rêver continuer à être l'homme qui rompt avec les précédents. Après trois ans de mandat, tous les espoirs lui sont encore permis. Non seulement, il s'apprête à battre un record de longévité à Matignon, mais sa cote de popularité demeure haute et son image personnelle est bonne. Selon l'enquête Libération réalisée par l'institut CSA (1), l'homme est qualifié de «compétent» et «courageux» par 78% des Français, «sympathique» et de «gauche» par 75%. A une époque où une majorité de l'opinion pense que les politiques sont corrompus, lui est jugé «honnête» par 69% d'entre elle. Et le succès, à en croire les sondés, le laisse modeste puisque 65% jugent qu'il «n'a pas la grosse tête» et 63% qu'il «supporte bien les critiques».
Bref, l'homme Jospin est bien perçu et son action aussi. Pour 64% des personnes interrogées, son bilan est positif. Un chiffre qui s'explique par le principal résultat dont peut se flatter le gouvernement: la baisse continue du chômage depuis trois ans (lire en pages événements). Mais ils étaient 72% à qualifier le bilan de positif en janv