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Libération
Portrait

Gérard Merle, ancien de l'Hôtel de Ville, dénonce le système chiraquien. «le cabinet du maire etait au courant».

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publié le 2 juin 2000 à 1h27

Lieu-dit Ayguepanades, commune de Madranges, à une vingtaine de

kilomètres de Tulle, en pleine terre chiraquienne. Depuis 1992, Gérard Merle, 54 ans, ancien cadre de la mairie de Paris et du RPR, y coule une retraite paisible. Décorateur, il se partage entre une petite société de dentelle et quelques contrats avec des entreprises de la région. Ce 28 janvier, l'homme est inquiet et amer. Depuis que la presse a évoqué, en novembre, la déposition qu'il a faite aux gendarmes, tout a changé. Gérard Merle y détaillait le système de faux électeurs mis en place en 1989 pour permettre à Jacques Chirac de réaliser le «grand chelem» dans les vingt arrondissements parisiens.

Fait rarissime, un des acteurs du système RPR à Paris parle. En Corrèze, une telle déclaration est une bombe. «Depuis, une personne sur deux me hait parce que j'aurais trahi celui qui a été député ici entre 1968 et 1995.» Aussitôt les articles parus, les coups de téléphone menaçants se multiplient, des tracts évoquant «la balance» pullulent sur les murs de Tulle. Des employeurs et le RPR local font pression. Un gaulliste n'aurait pas le droit de soulager sa conscience. «Je ne regrette rien, j'ai témoigné pour protéger les gars que j'avais fait inscrire sur les listes.» Merle porte plainte contre X, et monte à Paris rencontrer des membres du RPR. Les ennuis cessent.

«Services». A Madranges, comme partout en Corrèze, l'évocation du nom de Jacques Chirac impose la déférence. «La gauche a progressé, mais la culture paysan