L'europhile Jacques Delors et l'eurosceptique Jean-Pierre Chevènement réconciliés pour s'opposer à une Constitution européenne... au moment même où Jacques Chirac s'y déclare favorable (1) ! C'est la petite révélation du débat organisé lundi par la fondation du 2 Mars (ex-fondation Marc-Bloch), au Conseil économique et social, entre l'ancien président de la Commission européenne et le ministre de l'Intérieur. Une confrontation qui aura permis de montrer l'union des contraires au sein de la famille socialiste.
"Je suis un européen optimiste, a d'abord indiqué Jean-Pierre Chevènement. Mais le moment est venu de passer à une Europe pratique. Il faut en finir avec la méthode Monnet-Schuman qui repose sur une sorte de croyance européenne. Il est temps de passer de l'âge théologique à l'âge positiviste", a-t-il martelé devant un public acquis à sa cause. Jacques Delors a rétorqué dans un sourire qu'il n'avait amené "ni missel ni traité de Rome" avec lui, déclenchant les rires de la salle. Le sujet du jour était la charte des droits fondamentaux, dont les Quinze ont arrêté le principe l'année dernière et qui est le préambule à peine masqué d'une Constitution européenne. Lui préférant un nouveau traité international, Jacques Delors a créé la surprise en se prononçant "contre une Constitution européenne". Même la charte ne trouve pas grâce à ses yeux : "Mais qui vous a dit que j'étais pour ?", a lancé Delors, pas mécontent de surprendre ses interlocuteurs.
Le président du Mouvement des