C'est Laurent Fabius qui s'est octroyé, hier, le privilège d'annoncer la bonne nouvelle, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale: la rémunération du livret A, du livret Bleu et du Codevi va être relevée. Les taux passent de 2,25 % à 3 %. La mesure tombe à point, quelques jours avant les grands départs en vacances. La communication a été soignée pour cette décision éminemment populaire, touchant à l'épargne fétiche des Français (1).
Devant les députés, Laurent Fabius n'a pas manqué de souligner qu'il s'agissait de la première augmentation "depuis dix-neuf ans" et que le gouvernement entendait "mieux rémunérer l'épargne populaire". Depuis son arrivée à Matignon, Lionel Jospin a habilement géré ce dossier sensible, procédant à un véritable jeu de rôles au sein du gouvernement. Lorsque le taux du livret A baisse (il avait été ramené de 3 % à 2,25 % en juillet 1999), Jean-Claude Gayssot, le ministre (PCF) en charge du Logement, s'occupe d'expliquer la mesure qui frappe en premier lieu les couches modestes.
La hausse annoncée hier découle d'une sorte d'"échelle mobile" de la rémunération de l'épargne instituée en 1998 par Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie. Selon ce mécanisme, le taux d'intérêt du livret A doit être supérieur de 1 % à l'inflation, sans dépasser de 0,5 % le taux du marché interbancaire à court terme dans la zone euro.
Or, compte tenu de l'évolution actuelle des prix et des taux d'intérêt, la hausse de la rémunération du livret A était