Avec son discours sur l'avenir de l'Europe prononcé à Berlin (Libération d'hier), Jacques Chirac a pris tout le monde de vitesse. A commencer par le gouvernement. En prônant la constitution d'un "groupe pionnier" de pays européens autour de la France et de l'Allemagne, il s'est attiré une réponse toute diplomatique de Pierre Moscovici, hier, qui a salué "une contribution importante" au débat sur l'Europe. Mais le ministre des Affaires européennes s'est bien gardé d'apporter son soutien aux propositions de Jacques Chirac.
Devant les députés, Hubert Védrine ne s'est pas plus engagé: "[...] Notre responsabilité première, le point sur lequel nous attendent tous nos partenaires, y compris les Allemands, c'est que nous devons réussir la Conférence intergouvernementale." Autrement dit, la priorité pour l'équipe Jospin, à l'heure de la présidence française de l'Union, n'est pas de mettre sur pied une avant-garde mais de réussir l'élargissement de l'UE. Lors du Conseil des ministres, Jean-Pierre Chevènement, toujours sourcilleux lorsqu'il s'agit de souveraineté, a interrogé le chef de l'Etat. "Il a demandé une précision"... et Jacques Chirac a répondu, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Daniel Vaillant, sans plus de précision.
Dans l'opposition, le discours du chef de l'Etat a fait des heureux. En particulier Alain Juppé: "Depuis une bonne quinzaine d'années, il y a dans l'action et dans la pensée de Jacques Chirac une continuité européenne tout à fait remarquable", a-t-il jug