Tout le monde se lève pour la taxe Tobin, Laurent Fabius aussi. Hier, à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie a officiellement salué une idée aussi chère à la gauche militante qu'empoisonnante pour la gauche gestionnaire: instaurer une taxe sur les transactions financières internationales. "C'est une idée centrale née de la rencontre de deux idées parfaitement justes: d'un côté, la nécessité de lutter pour le développement puisque vous savez que le produit de cette taxe devrait aller au développement; de l'autre, la nécessité d'une meilleure régulation économique internationale", a indiqué le locataire de Bercy.
Epine. Pour Laurent Fabius, difficile d'en faire moins. Longtemps hostile à la taxe Tobin, il avait l'an dernier modifié son discours, en dénonçant "les dégâts provoqués par la volatilité excessive des marchés". Une façon d'enfoncer une épine dans le pied de Lionel Jospin, qui, en 1995, avait défendu l'idée d'une telle taxe avant qu'un rapport signé d'Olivier Davanne, membre du Conseil d'analyse économique, ne l'autorise, en 1998, à enterrer le projet, au motif que la France ne peut seule se lancer dans une telle aventure.
Coincé entre ses déclarations passées et ses fonctions présentes, Laurent Fabius navigue au plus près. Se référant au rapport remis par deux députés, Gérard Fuchs et Daniel Feurtet, le ministre a rappelé "les difficultés considérables et de tous ordres que pose la taxe Tobin", mais sans s'appesantir. Le succès des mouvements antimondialisa