Mayotte envoyé spécial
Des rues défoncées avec égouts à ciel ouvert, des gosses nu-pieds qui jouent dans les détritus à quelques pas d'un collège flambant neuf, des quartiers entiers de bidonvilles en taule et torchis baptisés "habitat traditionnel", quelques cas de choléra, un marché où des hommes vendent la viande à même le sol, tandis que la terrasse du grand hôtel d'en face restaure une population blanche... Caribou (bienvenue) à Mayotte, France, île de l'océan Indien oubliée par la République depuis 1841. A deux heures d'avion et des embouteillages de Saint-Denis de la Réunion, Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, plonge le visiteur dans une grosse bourgade d'Afrique noire, loin, très loin du reste de l'outre-mer français et des cartes postales des Antilles ou du Pacifique. Un bout du monde où la loi coranique des cadis, juges religieux recrutés et payés par la préfecture, régit toute la vie civile de la population. Où le mariage de gamines de 10 ans s'effectuait, voilà trois mois encore, sans la présence ni le consentement des intéressées. Elles doivent désormais avoir 15 ans et être présentes lors de la cérémonie. Une révolution.
Un statut qui divise. Dimanche, après vingt-quatre années de statut transitoire, d'abandon et de promesses non tenues par les gouvernements français successifs, les 160 000 Mahorais sont consultés sur l'avenir institutionnel de leur territoire. Ils devront approuver ou non la transformation de leur actuelle "collectivité territoriale" en "collectiv