Le budget 2001 prend politiquement tournure. Hier, les députés socialistes ont esquissé à grands traits les "orientations" de la prochaine loi de finances. D'entrée de jeu, Henri Emmanuelli, président de la commission des Finances, a cadré les débats: pas question pour le groupe PS de discuter les axes annoncés par le gouvernement. Côté dépenses, la priorité à l'Education nationale et à la police est réaffirmée. Côté recettes, la volonté de "réconcilier les classes populaires et les classes moyennes", exprimée par Lionel Jospin en août à La Rochelle, sert de ligne conductrice. Avec, au centre des réflexions socialistes, la réforme de l'impôt sur le revenu, qui devrait constituer le plat de résistance du volet fiscal du budget 2001.
C'est là que les choses se corsent. Comme un seul homme, les députés PS ont rejeté une idée qui avait gagné en crédit avec l'arrivée de Laurent Fabius au ministère de l'Economie: la baisse de la tranche supérieure d'imposition (54%). Une autre piste, très en vogue à Bercy, est écartée: l'intégration de l'abattement de 20%, dont bénéficient notamment les salariés, dans le barème de l'impôt sur le revenu. "Une telle mesure serait neutre en terme fiscal pour 90% des contribuables", précisait pourtant le Conseil des impôts dans son récent rapport "sur l'imposition des revenus". C'est oublier que, pour les élus, 10% de mécontents potentiels, c'est 10% de trop. "On risque de monter une usine à gaz dont on ne maîtrise pas les conséquences", confie un soci