Ça traîne, ça traîne. Annoncées depuis la semaine dernière, les lettres plafonds, qui fixent l'évolution des crédits ministère par ministère pour le budget 2001, ne partiront finalement que samedi. Une lenteur qui traduit les difficultés rencontrées par le gouvernement cette année pour boucler le volet dépenses de son exercice budgétaire. Dans son plan de financement pluriannuel remis à Bruxelles l'année dernière, la France s'était engagée à limiter à 0,3 % l'évolution de ses dépenses publiques. Matignon l'avouait hier à demi-mot: «La norme est contraignante, mais elle est respectée.» Sans doute, mais pas sans contorsions.
Le premier truc a consisté à jouer sur l'hypothèse de hausse des prix l'an prochain. Au lieu du 0,9 % prévu, l'inflation estimée a finalement été fixée à 1,1 %. Ce recalibrage des prix permet au gouvernement de gonfler artificiellement l'évolution des dépenses exprimées en francs. Et ce, en respectant en apparence la norme de progression en volume. Ainsi, selon le scénario original, les dépenses en valeur auraient progressé de 1,2 % (0,3 % + 0,9 %), soit 20 milliards de francs. En revanche, avec la nouvelle hypothèse, elles grimperont de 1,4 % (0,3 %+1,2 %), soit 3,5 milliards de francs supplémentaires... à répartir entre les ministère. De quoi mettre un peu d'huile dans les rouages assez grinçants du projet de loi de finances 2001 (Libération du 7 juillet). Lionel Jospin et son ministre de l'Economie, Laurent Fabius, ont toutefois une excuse valable: dans