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Libération
Un été 2000

Granville retrousse sa Manche

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Six mois après la tempête (1/6)
publié le 17 juillet 2000 à 2h19

Il est toujours là, comme une évidence indestructible et, par une douce journée de printemps, ils sont déjà là. Le mont Saint-Michel et les touristes, histoire d'amour souvent tarifée mais jamais démentie. La tempête de décembre 1999 l'a blessé et restera peut-être dans les annales; il s'en remettra. Il a déjà connu les incendies. Treize au total. La foudre, les accidents ou, quand existait une prison au siècle dernier, la main révoltée des captifs. Des tempêtes? Innombrables. La plus récente, en 1987, avait déjà poussé des vents effroyables sur les remparts. Puis, le 26 décembre 1999, vers cinq heures du matin, après une gifle quasi anecdotique sur les côtes bretonnes et un passage sans réelle gravité sur Cancale, Lothar a foncé sur le mont Saint-Michel à plus de 200 km/h. Les premiers coups méchants de la «tempête du siècle» prodigués à la «merveille de l'Occident chrétien». Les bigots et les millénaristes y ont vu un symbole. La main de Dieu. Pas André Fournier, le recteur du sanctuaire de l'abbaye. Le titre fait de l'effet, mais le bonhomme, l'un des cinq bénédictins de la minuscule communauté installée à l'année, l'évite sans regret. «Bien sûr, depuis, on me l'a souvent demandé mais non, vraiment non, je n'ai pas vu un signe de notre Seigneur, je ne sais quelle manifestation de sa colère dans la tempête, non, c'était juste la puissance de la nature qui se rappelait à notre bon souvenir et remettait les pendules à l'heure.»

La veille, à l'heure du déjeuner de Noël, André