Jamais deux sans trois? En 1983, il explique «un ministre, ça ferme sa gueule. Et si ça veut l'ouvrir, ça démissionne»; et il part. Puis en 1991, en pleine guerre contre l'Irak, il écrit au chef de l'Etat: «Une certaine idée de la République m'amène à vous demander de bien vouloir me décharger de mes fonctions...» Bégaiement de l'histoire, Jean-Pierre Chevènement en est de nouveau à songer à la tentation de Belfort. C'est ce dont il menace Lionel Jospin si celui-ci ne «recadre» pas le débat sur la Corse: le Premier ministre «est mon ami. Mais je suis aussi un homme politique et j'ai mes convictions. Lionel Jospin les connaît. Il sait jusqu'où je ne peux pas aller», a-t-il confié hier au Monde. A la veille d'une nouvelle réunion à Matignon des élus insulaires avec des représentants du gouvernement, les mots de Chevènement sonnent comme un sérieux avertissement au Premier ministre. Et un désaveu de son conseiller pour la question corse, Alain Christnacht, que Chevènement soupçonne de vouloir accorder un statut particulier à l'île sur le modèle de la Nouvelle-Calédonie. Hostile à tout transfert de pouvoir législatif à l'Assemblée de Corse et à toute révision de la Constitution qui la favoriserait, le ministre de l'Intérieur accuse les nationalistes de vouloir créer «une île soumise à la loi du milieu».
Il n'en est pas à sa première divergence avec le Premier ministre. Mais le dossier corse (qui fait partie de ses prérogatives) est un morceau de choix. Les contre-propositions des