Louable tentative d'ouvrir un véritable débat au sein du Parti socialiste en vue des échéances électorales à venir? Ou simple machine de guerre contre Laurent Fabius? Telle était l'alternative qui se posait après la publication, hier dans Libération, d'un long texte intitulé «La nouvelle donne», rédigé par onze ministres et dirigeants socialistes, tous proches de Lionel Jospin (1).
Sur le fond, cette «contribution» informelle qui s'inscrit dans le cadre de la préparation du prochain congrès du PS, prévu cet automne à Grenoble se distingue par une tonalité résolument «de gauche». Tandis que le Medef vante les vertus du contrat social, les signataires soulignent l'importance de l'Etat. De même, quelques mois après les discussions qui avaient agité le gouvernement sur les classes moyennes et l'impôt sur le revenu, le texte plaide pour qu'une «attention privilégiée» soit accordée aux classes populaires et juge que «l'impôt progressif reste l'outil indispensable de la redistribution». A cet égard, comme le note Michel Sapin, ministre de la Fonction publique et d'origine rocardienne, le texte des «onze» entérine la réconciliation entre la première gauche (mitterrandienne) et la deuxième (rocardienne) ou, plus exactement, constate une réconciliation mise en oeuvre depuis trois ans par Lionel Jospin.
Cénacle. Néanmoins, le débat d'idées reste pour l'heure éclipsé par les enjeux plus tactiques. Car, de facto, l'initiative ressemble fort à une démonstration de force voulue par cer