C'est du grand Jospin, funambulesque comme jamais. Le défi était de taille: contenter les nationalistes corses et Jean-Pierre Chevènement; ceux qui veulent sortir de la République française et celui qui entend maintenir son unité; ceux qui veulent toujours plus d'exception corse et celui qui pense qu'en République la loi doit être la même pour tous, au nom du principe de l'égalité. La querelle, ces derniers jours, se focalisait autour du transfert d'un pouvoir législatif à l'Assemblée de Corse, autrement dit la possibilité pour les élus insulaires de faire leurs lois, sans que l'Etat français y regarde de trop près. Indispensable pour les premiers, inacceptable pour le second. Le Premier ministre allait-il savoir satisfaire les uns sans mécontenter l'autre? Pour concilier ces contraires, il a usé de tous ses talents d'équilibriste qu'on sait nombreux. Pour plaire aux nationalistes, il concède à l'Assemblée de Corse «un pouvoir d'adaptation des mesures législatives» qui nécessitera une révision de la Constitution. Et pan pour Chevènement! Mais, pour ne pas outrager la dignité de celui-ci, Jospin ajoute que cela n'entrera en vigueur qu'en 2004. Et au moins à deux conditions: que les «pouvoirs publics alors en fonction» soient d'accord, ce qui est bien le moins. Et qu'il y ait eu d'ici là «rétablissement durable de la paix civile», c'est-à-dire l'arrêt des attentats. Une façon de resservir «le préalable de la violence» que Jospin avait posé à son arrivée à Matignon et qu'il ava
Analyse
Les ruses de Jospin avec le calendrier.
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publié le 21 juillet 2000 à 2h26
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