Ajaccio envoyé spécial
Pouvoir législatif «encadré», transfert de compétences, enseignement de la langue corse en maternelle et en primaire... La Corse n'a jamais été aussi près de l'autonomie politique. Les insulaires ont appris les propositions Jospin jeudi, et du même coup l'assentiment de leurs élus, toutes tendances confondues. Entre espoir et attentisme, les habitants d'Ajaccio et de sa région hésitent. «Le préfet Erignac n'est pas mort pour rien.» C'est abrupt, mais cela semble sincère. Maria-Francesca a 23 ans. Elle «bourlingue» sur les bateaux entre la Corse et le continent, vote à gauche, «n'aime pas la France» et adore parler politique à l'heure du pastis. «L'accord entre nos élus et Jospin va dans le bon sens. ça bouge enfin, le pouvoir nous revient. Mais sera-t-on suffisamment responsable pour savoir s'en servir? Il va falloir devenir adulte», s'inquiète-t-elle. Cette question est au coeur des préoccupations des habitants d'Ajaccio d'Aiacciu, pour respecter la langue locale. Jean-Marie, 55 ans, marchand de saucissons sur le marché, y voit «quelque chose de formidable: la responsabilité politique. Si nos élus ont le pouvoir législatif, on ne votera plus pour un clan mais pour un programme. Ils ne pourront plus dire que c'est la faute de Paris ou de Bruxelles. Si on récupère le pouvoir législatif, c'est la mort du clan politique».
Les élus. Incompétents ou boucs émissaires, ils sont rejetés en bloc. Or ce sont eux qui, dans une belle unanimité, ont agréé le texte