Ajaccio envoyé spécial
«Ni vainqueurs, ni vaincus». Repris en choeur vendredi par les élus insulaires, l'adage promet de vite devenir obsolète. Car si 44 élus (Démocratie libérale, autonomistes, nationalistes, la quasi-totalité du RPR et du groupe Corse social-démocrate, 2 PS, 2 PCF, 2 PRG) sur les 51 de l'Assemblée de Corse ont validé les propositions du gouvernement pour l'avenir de l'île, sans les amender comme l'exigeait Lionel Jospin, ils l'ont fait pour des raisons diamétralement opposées. Et tous entendent utiliser de manière différente les nouvelles compétences et le pouvoir législatif d'«adaptation», destinés à être gravé dans le marbre de la Constitution après une révision programmée pour 2004.
Certes, seuls deux élus, dont le président du groupe PRG, Nicolas Alfonsi, ont voté contre, tandis que cinq autres (1 PCF, 1 RPR et 3 PRG dont l'ancien ministre Emile Zuccarelli) se sont réfugiés dans l'abstention. Mais la grand-messe unanimiste de vendredi n'a pas évacué la question essentielle: qui a roulé l'autre? Est-ce José Rossi, président (DL) de l'Assemblée territoriale et principal initiateur de l'accord, qui s'est gargarisé dès l'ouverture de la séance d'un «acte historique» et a pronostiqué que «l'inscription du statut de la Corse dans la Constitution française» traduira «un enracinement durable dans une République moderne»? Ou bien le chef de file de Corsica Nazione, Jean-Guy Talamoni, clamant une heure plus tard à la tribune: «L'objectif des nationalistes demeure