Bayonne envoyé spécial
«Bayonne n'est pas en France!». La banderole érigée par Haïka, le mouvement unitaire des jeunes Basques du Nord et du Sud, trône au beau milieu des fêtes de Bayonne. Comme chaque année, début août, des centaines de milliers de personnes ont pu voir les autonomistes exposer leurs trois revendications principales: la création d'un département, l'officialisation de la langue, et le rapprochement des prisonniers «politiques». La ville est le principal fief des nationalistes, réunis depuis 1996 au sein d'Abertzale Batasuna (AB). Ils représentent 10 à 12 % de l'électorat. Comme leurs homologues espagnols d'Herri Batasuna (vitrine politique d'ETA), les militants d'AB ne condamnent pas la violence politique. Mais ils restent pour l'instant engagés dans un processus démocratique autour d'une revendication devenue largement majoritaire: la création d'un département Pays basque. «Mais si Jospin ne bouge pas devant cette majorité claire, ça voudra dire qu'il se fout de la démocratie. Il faudra alors utiliser d'autres moyens...», prévient Xabi Larralde, porte-parole d'AB. Le futur statut de la Corse, dotée de très larges pouvoirs, a naturellement délié les langues. Renaud d'Elissagaray, conseiller municipal (divers droite) de Bayonne et chef de file des départementalistes, juge le contraste entre les deux régions «scandaleux et inacceptable»: «C'est une prime à la violence! C'est désespérant pour ceux qui, comme nous, refusent cette violence.» Comment ne pas songer