Qu'on aime ou déteste le président du Medef (Mouvement des entreprises de France) Ernest-Antoine Seillière et son acolyte Denis Kessler, il faut leur reconnaître un vrai talent pour pimenter leur université d'été. L'an dernier, ils avaient proposé à des syndicalistes, dont le secrétaire général de FO Marc Blondel et Maryse Dumas de la CGT, de défendre la classe ouvrière face à un amphi d'un millier de patrons. Cette année, sur le campus HEC de Jouy-en-Josas (Yvelines), le président de la CFTC Alain Deleu était le seul syndicaliste prié de répondre à la question: «Le capitalisme est-il moral?» Mais à ses côtés, il y avait deux députés européens de choc, le communiste Philippe Herzog et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit.
La question, a d'emblée répondu Dany le Rouge, est «soit hypocrite et saugrenue, soit délibérément provocatrice». Ce qui, dans la seconde hypothèse, n'était pas pour lui déplaire. «Ne faisons pas semblant, a-t-il poursuivi, la morale est le dernier des soucis du capitalisme. Et c'est très bien ainsi. Alors pourquoi cherchez-vous à vous justifier en disant que vous êtes tous des hommes moraux? Parce que vous avez de bonnes raisons d'avoir mauvaise conscience. Parce que le capitalisme fonctionne bien pour les uns et mal pour les autres.»
Remous dans le parterre patronal, tandis qu'au premier rang le baron Seillière se marre et Denis Kessler boit du petit-lait. Deux potaches contents de leur coup. Surtout quand, une heure plus tard, le débat ronronne entre un expert